Happy journalism

À quoi sert le journalisme (et le journaliste) ? Qu'est ce que l'information ? Qu'est ce qu'une bonne info ? Quand le coeur médiatique balance entre l'actu et le divertissement, on rit jaune.

Le nouveau journalisme se la joue cool. Il informe light pour ne pas plomber nos soirées détentes. C'est sympa.

Enquêtes en banlieues ou sur le milieu de la prostitution, auxquels s'ajoutent la page art de vivre et les critiques culturelles, l'actu chaude n'arrête jamais.

Et les fameuses enquêtes non plus. Enquête Exclusives, 90' Enquêtes, Enquête d'action, Enquête inédite, Complément d'Enquête... Tout ce travail et cette drôle de sensation de vide.

Le journalisme est en crise, mais la bonne humeur est toujours là, à l'image d'une Carole Rousseau tout sourire ou d'un Bernard de la Villardière la mèche à l'air libre. L'actu concerne les marges, les bas-fonds ou les intouchables stars. On vend du rêve.

Pour faire une bonne émission l'achat de rush est devenu monnaie courante. Pratique et économique, il évite le déplacement d'un journaliste. Ensuite, il faut du rythme entre les séquences en laissant des moufles aux mains du stagiaire monteur. Le décor est planté avec LA scène en caméra cachée ou la descente de police, voire les deux. Et enfin, un pro pose cette voix unique façon ORTF moderne.

L'infotainment gangrène la presse. Sous couvert de news ludiques, le monde se réduit aux podiums sportifs et aux tendances. La misère n'existe que chez les criminels (déliquants, chômeurs, activistes, sans papiers). L'économie ne touche que le virtuel des places de marché et des nouvelles technologies. Les analyses sont faîtes par des intervenants interchangeables.

L'information manque d'âme. La machine tourne à vide et la mélodie s'use. La dernière saison de Lost occupera toujours plus de chroniqueurs que les morts de Gaza. Qui a dit qu'on apprenait mieux en s'amusant ?