Ig Nobel 2010
Le 30 septembre dernier se déroulait la 20e cérémonie de l'Ig Nobel Prizes. En marge des prisés prix Nobel, The Annals of Improbable Research organise fièrement la fête des découvertes inutiles.
Mettre en lumière des "accomplissements qui ne peuvent pas être reproduits". Voilà le but des Ig Nobel (ignoble en anglais). Copiant l'illustre ainée, tous les domaines scientifiques et culturels sont représentés suivant l'actualité. Notable difference, la reproductibilité, critère scientifique par excellence, est ici détournée puisque les trouvailles peuvent être inutiles au mieux, nuisibles surtout.
Ceci dit, depuis 20 ans, l'organisation américaine de l'Improbable Recherche nomme quand même d'abord pour rire. Sont donc récompensés par exemple les travaux dont l'effort fourni dépasse de loin le résultat pas attendu du tout. L'humour volontaire des labos trouve également sa place dans cette institution (recherche sur une arme chimique appelée "bombe gay" rendant sexuellement irrésistible l'ennemi, ou le viagra qui permet aux rats de se remettre d'un décallage horaire !) Les blouses blanches ne se prennent pas au sérieux. Quoi que.
La cible préférée de cette anti-cérémonie reste la dénonciation. En 1996, Jacques Chirac en a fait les frais lorsqu'il s'est vu attribuer le prix Ig Nobel de la Paix pour la reprise des essais nucléaires. Pas jaloux, les dirigeants d'Enron ont vigoureusement arraché le prix d'Économie pour mensonges comptables.
Le cru 2010 fait évidemment la part belle à la crise financière et le désastre environnemental. Le prix d'Économie a logiquement été refilé à Goldman Sachs, AIG et Lehman Brothers pour avoir « créé et promu de nouvelles manières d’investir de l’argent en maximisant les gains financiers et en minimisant le risque pour l’économie mondiale, ou une portion de celle-ci ». Le prix de Chimie est revenu majoritairement à BP qui a rendu un grand service à la science en réfutant la vieille croyance que l’eau et l’huile (pétrole) n’étaient pas miscibles. Alors qu'une bonne vinaigrette aurait suffit à nous convaincre.
Côté sourire, on peut parler du prix du Management remis à 3 jeunes italiens pour avoir démontré que les sociétés gagneraient en efficacité si les promotions professionnelles étaient aléatoires. Leurs travaux portaient sur le principe de Peter selon lequel tout employé s'élève dans la hiérachie jusqu'à son niveau d'incompétence maximum (ce que bon nombre de travailleurs a sûrement remarqué de lui-même !). L'Ig Nobel de Biologie est allé à des étudiants chinois pour leur étude de la fellation (pas inflation hein) chez les chauves souris. Un couple belge récupère le prix de Médecine pour son étude de l'influence des montagnes russes sur l'asthme. Des étudiants anglais choppent celui de la Paix. Ils ont en effet découvert que jurer augmente la tolérance à la douleur, ce qui bizarrement n'avait jamais été analysé.
Inutile de vous dire que tous sont venus récupérer leurs trophées... à part les chouettes dirigeants des banques, à qui le mot "ignoble" allait pourtant si bien.